Poème 151
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Silence

L


e soleil est parti et le ciel s’est fait noir
Laissant seule à veiller la demoiselle en deuil ...
Allongés sur de vastes et profonds fauteuils,
Nous écoutons vibrer le chant d’une guitare.

Elle berce la nuit, elle appelle au silence ...
Et le silence est là, impalpable et timide,
Qui repose, pénètre au fond es choses et les vide
De tout, ne leur laissant plus rien que l’existence.

La montagne est présente, elle est là alentour,
Cachée, dissimulée tout au cœur de la nuit;
Sous son visage blanc on sent qu’elle se replie
Comme un défi lancé à chaque mort du jour.
Le calme se répand. Il vient de chaque pierre,
De la neige et du ciel, pour aller lentement
Envahir toute l’âme qui se berce de chant,
De tiédeur et de paix. Douceur des grands déserts ...

Le cœur tout doucement retourne à notre enfance
A des joies oubliées en quittant notre mère,
A ces jeux qu’on faisait, à ces jours de lumières
Où pour une promesse nous étions en partance.

Mon cœur tout doucement s’en retourne vers toi,
Voyage familier au creux de chaque nuit,
Habitude qui est un peu comme un défi
A ce triste sourire qui me laissa sans voix.

4 Mars 1967




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