Poème 41
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Jadis

I


l fut un temps jadis, où moi aussi j’aimais ...
J’attendais un regard, une voix, un sourire,
Pour en faire mille étoiles où l’on voyait briller
Les plus belles promesses que j’y faisais fleurir.

J’aimais tes cheveux noirs ... ou blonds , j’ai oublié,
Aussi riches en couleurs que dix mille arc en ciel,
Plus chargés de frissons que le blé d’un été
Bien plus doux et plus fins que soies ou que dentelles.

Ensemble nous jouions à sauter les rochers
Pointillant le ruisseau. Comme tu étais habile
Pour y poser les pieds sans jamais les mouiller !
Moi je tombais souvent. Tout me semblait hostile.

J’allais vers toi, perdu, ne sachant pour quoi vivre.
J’en revenais sans rien, sans nouvel horizon,
Aussi désemparé et pourtant j’étais ivre
De cette vie stupide, sans foi et sans raison.

Je t’apportais un monde, couvert de ma tristesse,
Que je te découvrais aussi noire que le geai
Et toi tu l’éclairais avec une promesse
Que je ne croyais pas et pourtant j’en riais !

Et puis l’illusion est morte. Au fil des jours
J’ai oublié ton nom en étant loin de toi
L’amour était perdu, que vivent les amours ...
Le monde redevint sans raison et sans foi.

J’attendais un regard, une voix, un sourire
Pour en faire mille étoiles où je faisais briller
Les plus belles promesses, sans en voir le délire ...
Il fut un temps jais, où moi aussi j’aimais....

Avril 1966




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